Lucien Bonaparte, un homme libre

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Plus jeune que Napoléon mais doté d’une forte personnalité, Lucien Bonaparte forgea son caractère dans sa relation avec son frère aîné. Les contemporains nous laissent entendre qu’ils se ressemblaient : même type physique, même goût de la politique, mêmes ambitions. Tous deux eurent une approche moderne de la communication et veillèrent aux effets d’image. L’étendue de leur culture et l’amour de l’écriture les rapprochaient. Enfin, tous deux furent des pères tendres et attentifs à leur progéniture, dont Napoléon fut vite privé et que Lucien vit en revanche grandir et se multiplier. Mais Lucien rejeta d’emblée la vie militaire et les champs de bataille. Il leur préférait les activités civiles, les débats parlementaires et ceux de l’esprit. Dans ses débuts en politique, à Paris, il emboîta le pas de son frère aîné, mais ne renonça pas pour autant à ses convictions. Il avait cru en la République et tenait par-dessus tout à la constitution, non sans contradictions par ailleurs, car à Rome il devint un fidèle sujet du pape. Son penchant pour l’histoire et pour l’érudition, avec la fascination qu’exerça sur lui l’oeuvre de Chateaubriand, peuvent expliquer son revirement. Mais à cette date, Lucien avait renoncé à la politique et progressait sur le terrain de l’art, des sciences et du savoir. Des frères Bonaparte, il fut le seul qui ne régna pas. À l’Empereur qui lui proposait un trône, il aurait répondu : « Laissez-moi mon obscurité. Je la préfère à vos couronnes, car je suis libre ».